ELWAVE équipe des systèmes de détection sous-marine d'un « super pouvoir »

Le 12/04/21
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Biomimétisme, intelligence artificielle et algorithmes pointus… L'entreprise ELWAVE ne badine pas avec la haute technologie pour doter les systèmes de détection, de caractérisation, et de localisation qu'elle produit et commercialise, d'une nouvelle faculté sensorielle : le sens électrique. Depuis trois ans, cette start-up nantaise connaît une croissance rapide autour d'une innovation de rupture directement inspirée du comportement de certains poissons, qui n'a pas fini de faire des vagues et des étincelles dans le domaine de l'exploration et de la surveillance sous-marines, dont elle repousse les limites.

Plongée dans un monde fascinant à la découverte d'un « super pouvoir » à la dualité évidente avec Pierre Tuffigo, son président-fondateur…


Quelle innovation se cache derrière la technologie brevetée par ELWAVE ?

P.T. : « Elwave est-une « spin-off », que j’ai créé en 2018 pour valoriser plus de dix ans de travaux de recherche du laboratoire de biorobotique de l’Institut Mines-Telecom Atlantique sur la technologie de détection sous-marine électromagnétique, qui permet de détecter, localiser et caractériser - en temps réel et à 360°-, tout type d’objet et de matériau, grâce au sens électrique. Le « sens électrique » est un mode de perception utilisé par les poissons tropicaux d'Afrique et d'Amérique du Sud vivant dans des eaux boueuses et très encombrées de branches dans lesquelles la vision et l’acoustique sont inefficaces. L’évolution naturelle a conduit ces poissons à se doter de ce mode de perception alternatif adapté à leur environnement. Nous sommes aujourd’hui les seuls au monde à fournir cette technologie, basée sur cette approche biomimétique, qui dote des robots sous-marins et industriels d’une perception nouvelle de leur l’environnement

Concrètement, nous équipons des robots sous-marins d’un petit capteur qui développe une bulle de détection tout autour de l'engin. Quand un objet pénètre cette zone, il vient en perturber le champ magnétique. Des traitement algorithmiques associés à de l’intelligence artificielle vont alors permettre d’en déterminer la position, la forme, le type de matériau : métallique, isolant, vivant… Sous l’eau, le champ électromagnétique se propage dans les sédiments marins, ce qui nous donne la capacité de détecter les objets enfouis, comme des câbles électriques, des pipelines, mais aussi des mines non explosées. Les applications sont nombreuses, elles relèvent de l'archéologie, de l'océanographie, et plus récemment de la défense. »

Comment est venue cette dualité civile/militaire qui caractérise aujourd'hui votre activité ?

P.T. : « Historiquement, nos premiers contrats signés et nos applications sont civiles, dans le domaine des énergies marines où on a pu répondre à des besoins importants en matière d’inspection. La navigation sous-marine reste une activité très complexe. La technologie unique au monde que nous proposons apporte une réponse pertinente à des lacunes. On apporte un mode de perception, jusqu'à deux mètres de profondeur dans les sédiments, qui n'existait pas jusqu’alors. Elle vient compléter le panel d'outils disponibles, tels que la caméra et le sonar. Cette technologie de perception sensorielle électrique nous permet de localiser les mines non explosées (UxO), notamment celles de la Seconde Guerre Mondiale, qui baignent dans les fonds en Manche, en mer du Nord, et le long des côtes de l'Atlantique.

On procède déjà à de la détection systématique dans le cadre des chantiers offshores. Notre autre énorme atout, c'est la petite taille du capteur électromagnétique développé. De cinq kilos, il consomme très peu d'énergie. Il permet d'éviter d'envoyer des plongeurs ou des gros véhicules. Les intérêts pour les forces armées et les opérateurs d’infrastructures maritimes et portuaires critiques confrontées à de nouvelles menaces, notamment celles liées au développement des drones sous-marins, sont nombreux et évidents.  Ce qu'on développe pour le civil est directement déclinable pour répondre aux besoins de ces acteurs, avec lesquels on travaille depuis un an environ. »  
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Quels avantages en tirez-vous  ?

P.T. : « Tout d'abord, cela permet de toucher des clients importants, comme le fabriquant de drone Eca Group, leader su rle marché des drones en France. Ensuite, les marchés de la Défense réunissent des acteurs publics qui ont une expertise technique et scientifique particulière très forte, des besoins poussés visant l'excellence, qui correspondent bien à notre activité à haute valeur ajoutée technologique. Il y a une forme de cercle vertueux, et d'effet « double labellisation » fonctionnant dans les deux sens, autour de nos collaborations avec des grands groupes industriels et des acteurs militaires. Pour autant, les marchés de la Défense restent très cycliques, il est donc important de bien structurer sa diversification et de s'assurer que le civil reste majoritaire. L'énergie, l'offshore et la robotique industrielle représentent aujourd'hui 70 % de notre activité, contre 30 % pour celle relevant de la Défense et de la sécurité. »