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Quelle est la place de la « Mer » au sein de la politique générale d’innovation de l’Etat ?

La Mer a évidemment, peut-être encore plus que d’autres, toute sa place dans la politique d’innovation car elle recèle des gisements encore largement inexplorés.

Cependant, ce terme générique « Mer », si fréquemment utilisé, recouvre des réalités différentes tant en matière de filières que de politiques publiques. Car la mer, c’est évidemment les transports et les services maritimes, la pêche et l’aquaculture, ou naturellement la plaisance mais c’est également la construction navale, la préservation du milieu et de nos côtes, et de plus en plus l’énergie.

Une approche uniforme par le seul prisme « mer » semble donc être vouée à l’échec. En revanche, la mer, prise comme une filière économique, doit être un levier de mobilisation collective, une bannière en quelque sorte, et de fertilisation croisée. Cette vision implique évidemment que les acteurs placés sous cette bannière maritime coopèrent et jouent véritablement le jeu d’une équipe unie.

Fort de ce constat, l’Etat souhaite désormais privilégier une approche transversale des fonds dédiés à l’innovation pour faciliter une logique de filière plutôt que de silos. Cela concerne aussi bien le PIA 3 que des programmes directement gérés par l’ADEME. La filière maritime doit donc surtout s’organiser pour pouvoir accéder à ces fonds transversaux non dédiés spécifiquement à telle ou telle activité maritime.

A cet égard, les pouvoirs publics sont évidemment aux côtés des acteurs maritimes, en particulier à travers le Corican, pour les accompagner. Les feuilles de route du Corican, qui seront connues sous peu, seront naturellement examinées sous cet angle. Toutefois, si cela s’avérait indispensable, le MTES ne s’interdirait pas de plaider pour la création de financements spécifiques. Au niveau européen, il pourrait également souhaiter la création d’un volet maritime ciblé dans le cadre des négociations du cadre financier pluriannuel.

 

Par quels moyens et/ou dispositifs l'Etat envisage-t-il de booster la Croissance Bleue ? Quels sont, selon vous, les signaux à transmettre aux acteurs de l’économie maritime ?

La croissance bleue découlera évidemment de l’innovation. Mais, au-delà, cette dernière devra aussi constituer une réponse aux défis de la transition énergétique qui sera, en elle-même, un acteur de la croissance bleue. Ainsi, l’accompagnement des armateurs dans ce processus peut-il être source de croissance. Concernant le passage des propulsions de navires au GNL, indispensable et désormais engagé, l’Etat joue son rôle d’accompagnateur. Il a donc initié un travail au niveau portuaire et étudie des mécanismes d’incitation pour les armateurs.

Cette économie bleue, si diversifiée, doit demeurer connue, et reconnue, des décideurs et du grand public. Mais pour la faire exister, il faut que la France conserve sa culture maritime au sens large : formation des marins, armateurs, sports nautiques.…

Il faut donc se féliciter de la mobilisation croissante des territoires, en particulier les régions littorales, en faveur des politiques maritimes même si l’accompagnement étatique reste capital. C’est une nécessité évidente en matière de planification spatiale et de gestion des conflits d’usage, fréquemment illustrés par les parcs marins éoliens ou encore les installations aquacoles.

Le développement de l’économique bleue passera, sans nul doute, par la simplification administrative, notamment concernant les normes techniques, car l’innovation nécessite une nouvelle approche. Les expérimentations devront être facilitées (energy Observer, drones….) par les pouvoirs publics car il s’agit d’une phase indispensable au développement..

Enfin, il ne faut surtout pas oublier la formation maritime. Elle demeure, et restera, un point d’appui essentiel pour l’économie maritime. En effet, après avoir navigué, les marins vivent des secondes carrières à terre, indispensables au dynamisme des filières.

 

Comment les Pôles de compétitivité Mer peuvent-ils accompagner vos mesures en faveur de l’innovation maritime ?

La mission intrinsèque des pôles de compétitivité de promotion d’une R&I vivante et dynamique, coopérative, donc productive, d’usine à projets devant déboucher sur les nouveaux produits et services générateurs de croissance verte et bleue, c'est-à-dire

Je rappelle que l’innovation la plus efficace repose sur un tryptique associant la recherche publique, en amont, les PME et ETI, souvent très réactives en la matière et les plus susceptibles d’exploiter rapidement et d’une manière particulièrement créative, les résultats de cette recherche, et les grandes entreprises, qui dans un logique de filière peuvent, au-delà de leur propre R&I, indispensable à leur compétitivité de demain, peuvent donner une dynamique et un appui au développement de ces acteurs plus fragiles. Le rôle des pôles de compétitivité s’inscrit pleinement dans cette logique de coopération enter ces différents acteurs, tous interdépendants.

Les pôles mer ont en outre un positionnement particulier eu égard à la structuration de la R&I dans le domaine maritime, à travers le CORICAN, puisqu’il en sont partie intégrante, et, très concrètement, le bras armé de celui-ci pour pré-instruire les dossiers déposés au PIA « navire du futur », tout comme ils sont les interlocuteurs naturels des entreprises innovantes de ces filières pour les aider à construire leurs projets et consortium et les orienter, le cas échéant, vers le guichet de financement le plus approprié au projet.

Les pôles de compétitivité maritime sont des acteurs indispensables de cette innovation dès lors qu’ils abordent l’ensemble des thématiques de la croissance bleue afin de permettre une utilisation pérenne et durable des ressources de la mer et de l’océan: construction navale, énergie marine, génie écologique maritime, biotechnologies bleues, robotiques et drones marins, numérisation par exemple des processus industriels pour renforcer la compétitivité de ces filières…

Ils constituent à ce stade les seuls acteurs opérationnels de l’innovation ayant une vision aussi transversale et globalisant des enjeux et solutions de l’innovation maritime.