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Dix ans du Pôle Mer Bretagne Atlantique : quel bilan tirez-vous de son action sur l'innovation et le développement économique du territoire ?

Ce bilan est extrêmement positif. Le nombre d'adhérents, en hausse constante, l'importance et la qualité des projets labellisés, l'efficacité du dispositif en termes de levée de fonds sont autant d'indices d'un pôle qui combine maturité et dynamisme. La récente extension aux Pays de la Loire symbolise l'attractivité du pôle, qui couvre désormais un territoire de niveau international par son niveau d'activité comme par les compétences qu'il mobilise dans le champ maritime.

Ces dix années confirment également l'intérêt de la politique des pôles de compétitivité impulsée par l'Etat autour de l'enjeu que constitue l'innovation. Le succès de cette politique dépend moins d'une catégorie d'acteurs en particulier que de la capacité à fédérer les compétences, à identifier les initiatives les plus prometteuses et à accompagner efficacement les projets dans les domaines jugés stratégiques.

C'est sur ce plan que la contribution du Pôle Mer Bretagne Atlantique me parait la plus remarquable : la constitution et l'animation d'un réseau d'acteurs aux profils variés mais complémentaires. Chacun perçoit l'intérêt de ces dynamiques collaboratives suscitées par le Pôle, dont les retombées dépassent, du reste, le seul champ économique : la richesse des échanges intervenus à l'occasion de la dernière assemblée générale en témoigne.

Les réformes des Collectivités territoriales (Loi NOTRe) vont impacter directement la politique des pôles de compétitivité. Comment percevez-vous l'avenir du Pôle Mer Bretagne Atlantique dans ce nouveau paysage ? Quelles sont les initiatives (outils) de l'Etat sur lesquelles le Pôle Mer pourra-t-il s'appuyer ?

Le projet de Loi NOTRe porte sur une nouvelle organisation territoriale de la république. Elle confirme notamment le rôle de « chef de file » reconnu aux régions en matière d'animation économique. Pour autant, il ne faudrait pas déduire de ces évolutions institutionnelles importantes que l'Etat se désengage.
Outre la contribution au budget du Pôle, rappelons ici que l'Etat a co-financé à hauteur de 36 millions d'euros la cinquantaine de projets labellisés ou co-labellisés par le Pôle Mer Bretagne Atlantique depuis ses débuts, au travers du Fonds Unique Interministériel (FUI).
Ce soutien se poursuit aujourd'hui de manière volontariste, dans le cadre notamment du Programme des Investissements d'Avenir.

Dans un cadre institutionnel en recomposition et dans un environnement budgétaire exigeant, les formes de l'intervention publique évoluent donc, tant du côté de l'Etat et de ses opérateurs que des collectivités territoriales. La lisibilité de ces interventions financières constitue un impératif sur lequel nous devons collectivement progresser, d'autant que les montages juridiques et financiers des projets se complexifient.

Mais par-delà ces évolutions, la politique des pôles est pleinement confirmée. Elle trouve des prolongements dans les stratégies régionales de développement économique et d'innovation. Cela est tout particulièrement vrai pour la Bretagne, où la contribution au dynamisme économique attendue des secteurs maritimes est particulièrement importante, ce qui conforte le positionnement du Pôle Mer.

« La mer, terre d'innovation » est au cœur de la stratégie économique de la Bretagne. Quels sont les grands enjeux du maritime dans les années à venir ?

Pour ce qui relève de la responsabilité de l'Etat, le premier enjeu est sans doute de confirmer la volonté de faire du maritime un secteur stratégique de développement ; une ambition dont certains déplorent parfois le caractère incantatoire. Si le maritime est une évidence en Bretagne, la politique maritime souffre en effet d'un manque de visibilité à l'échelle nationale. Il est donc important de « connaître et faire connaître » le potentiel économique qui y est associé.

Comme je l'ai exprimé lors de l'assemblée générale du Pôle, je considère que c'est précisément au travers de projets concrets, porteurs de sens et de perspectives collectives, que le maritime fera la démonstration de l'intérêt d'y consacrer davantage d'attention et de moyens. C'est donc le second enjeu que j'identifie pour le maritime : faire aboutir des projets et des politiques stratégiques qui contribueront à faire des secteurs maritimes, demain plus encore qu'aujourd'hui, des atouts majeurs de notre économie.

Les atouts de la Bretagne la positionnent au cœur de cet enjeu, avec des échéances fortes qui concernent autant ses secteurs d'excellence « historiques » (pêche et cultures marines, Défense, construction et réparation navale) que des secteurs émergents à fort potentiel (énergies marines, biotechnologies...).

Un dernier défi, auquel je suis particulièrement attaché en tant que préfet de région, consiste, pour les services de l'Etat, à accompagner les projets maritimes dans des conditions de concertation exigeantes mais volontaristes. Cela suppose d'être très attentif aux équilibres complexes qui caractérisent le littoral et la mer, mais d'affirmer dans le même temps que ce sont ces projets, ces initiatives, et ces audaces qui dessineront les contours du secteur maritime et de la Bretagne de demain.

La mer, « espace de rigueur et de liberté » comme le disait Victor Hugo, est également, aujourd'hui plus qu'hier, un espace de dialogue et de cohabitation des usages. Il nous appartient collectivement de faire en sorte que ce dialogue soit fécond et porteur de perspectives pour les régions littorales.