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Au croisement de toutes les filières maritimes, les questions liées au Green Ship / Smart Ship indiquent un cap à suivre pour tout notre écosystème dynamique tourné vers l’innovation. Mobilisé sur son territoire à la « maritimité » omniprésente, le Pôle Mer Bretagne Atlantique est un acteur majeur de cette transition écologique et de cette transformation numérique nécessaire en contribuant activement à l’émergence de projets plus respectueux de l’environnement.

Si les objectifs sont ambitieux, les solutions hybrides qui voient le jour, tant au niveau des énergies, des matériaux, que de la maîtrise et l’optimisation des usages, sont nombreuses et diversifiées. Parmi elles, celles qui placent la propulsion éolienne au cœur de projets novateurs et performants ont clairement le vent poupe.

 

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Tenir bon le cap et la barre vers la décarbonation, telle est la nécessité absolue auquel le secteur maritime, positionné au centre du fonctionnement de notre économie basée sur les échanges transcontinentaux de marchandises, doit répondre. La contribution du secteur maritime à l’atténuation des émissions de GES est cruciale et, d’autant plus que les prévisions de croissance du transport laissent augurer une forte augmentation de ces mêmes émissions si des mesures drastiques ne sont pas prises. Consciente de cette situation, l’Organisation Maritime Internationale (OMI) s’est prononcée en avril 2018 pour une stratégie de réduction de 50% des émissions du trafic maritime international à l’horizon 2050, par rapport à la référence de 2008. Autant dire que le challenge est immense. « Pour répondre à cet objectif, les bateaux que l’on construit aujourd’hui doivent consommer 70% de moins que les bateaux existants. C’est un objectif difficile à atteindre. Même en cumulant toutes les technologies possibles, on sait qu’on y arrivera difficilement si on soutient le volume de transport actuel », souligne Régis Guyon, animateur du domaine « Naval et Nautisme » au Pôle Mer Bretagne-Atlantique.

 

Le retour en force de la marine à voile

Dans ce contexte et à l’aune d’une échéance qui arrive à grands pas, la filière maritime mesure qu’elle n’a pas de temps à perdre pour entreprendre transformations inédites dans ses modes d’exploitation. Au-delà de l’hydrogène ou du GNL qui figurent parmi des solutions contribuant à se débarrasser du fuel lourd, elle se tourne de plus en plus vers le vent. Cette énergie naturelle et inépuisable, à l’origine des premiers échanges commerciaux à travers le monde, revient en force sur le devant de la scène. Pionnier de la transition environnementale dans le nautisme, le skipper Roland Jourdain, à la tête de Kaïros, un laboratoire dédié aux bio-matériaux s’en félicite. « Aujourd’hui, on ne sait pas faire de bateau à zéro impact. On a beaucoup de progrès à faire dans tous les domaines. Les matériaux ne représentent qu’une toute petite part. On entend beaucoup parler de l’hydrogène et il faut y aller, c’est une évidence. Pour autant, on avait aussi un peu oublié que le vent est un carburant gratuit et accessible. »

 

« Aujourd’hui, on en prend plus conscience. Dans ce domaine, on constate une vraie diversité des systèmes proposés, avec ceux qui croient à la traction avec une aile de kite, ceux qui parient sur l’aile rigide, ou encore ceux qui vont très loin dans l’utilisation du vent qu’ils intègrent complètement dans leurs modèles économiques. On voit un boom d’innovations inscrites dans une réflexion plus globale qui vont dans le bon sens », ajoute-t-il. Il ne cache pas non plus son coup de cœur pour la société Grain de Sail qui a conçu et construit un premier mini-cargo goélette de 26 mètres portant 520 m2 de voile. Déjà opérationnel, ce navire a transporté du vin à New York ; il fait actuellement transat retour vers Saint-Malo avec un équipage de quatre marins, les cales pleines de cacao qu’il rapporte de République Dominicaine. Ce premier essai s’avère concluant pour cette entreprise dont la flotte devrait rapidement s’étoffer de nouveaux bateaux construits dans le même esprit.

 

La voile de compétition source d’inspiration

« Dans son utilisation du vent, la voile de compétition se révèle être une vraie source d’inspiration. Il y a beaucoup de passerelles. C’est logique de se tourner vers ce domaine qui compose en mer en consommant très peu d’énergie fossile », souligne de son côté Régis Guyon.
Et de citer le projet Beyond the Sea, du navigateur Yves Parlier, qui proposait la traction par cerfs-volants il y a plus de 10 ans déjà ou le projet Canopée de Zéphir & Borée qui équipera le premier cargo à voile moderne, dont la construction vient d’être lancée ; ou encore le projet Néoline, labellisé par le Pôle Mer Bretagne Atlantique, qui propose une combinaison innovante de systèmes industrialisés, performants et marins à bord d’un roulier de 136 mètres. Ce cargo aux lignes élégantes à la pointe de la technologie sera doté d’un gréement Duplex et de plans anti-dérives. De quoi tendre vers un transport zéro émission avec une propulsion vélique à 90%, couplée avec une petite motorisation électrique pour les 10% qui restent. Des projets plus que prometteurs pour accélérer la cadence vers la décarbonation.
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 De plus en plus d’acteurs s’intéressent à cette démarche avec l’implication d’industriels majeurs comme Les Chantiers de l’Atlantique avec plusieurs projets autour d’un programme de gréement rigide Solid Sail (Solid Sail 2.0, Jibsea, Accastillage) ou d’autres entreprises comme AIRSEAS, CWS ou encore AYRO ainsi que la création récente de l'association Windship qui vise à fédérer les acteurs du secteur.


Pour optimiser l’énergie du vent, les transferts de technologie entre la course au large et l’ensemble de la filière maritime promettent ainsi de jouer un rôle majeur. Au-delà de l’architecture navale qui progressent chaque jour un peu plus dans les dessins de carènes, les dernières technologies d’aide à la navigation qui tirent profit des progrès réalisés dans les communications satellites, les mesures océanographiques, ou encore dans l’électronique embarquée, garantissent d’optimiser les performances des navires, toutes filières confondues. Les entreprises nantaises Adrena et D-Ice Engineering, ainsi que la brestoise Exwexs (Extreme Weather Expertise), reconnue pour la finesse de ses prévisions contribuant à victoire de la Nouvelle-Zélande sur la dernière Coupe de l’America, mettent ainsi leur expertise et leurs technologies de pointe en matière de routage météorologique au service des navires - Green Ships et Smart Ships - de plus en plus, et surtout de mieux en mieux, adaptés à leurs usages.