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La Filière microalgues se structure avec la création récente de l'association « France Microalgues » intégrant déjà 8 entreprises du secteur et 4 pôles de compétitivité dont les deux Pôles Mer. Son objectif : promouvoir  les microalgues et leurs applications sur les marchés nutrition, santé et cosmétique auprès du public et soutenir l'innovation dans ce domaine.
Philippe Dreno, Président de l'Association France Microalgues nous présente les enjeux de cette nouvelle Association pour la structuration de la filière française.

Quelles sont les défis de cette Association pour promouvoir les bienfaits des microalgues auprès du grand public et (re)-créer la confiance auprès des investisseurs et des institutionnels ?

Fondamentalement, c'est de savoir leur dire, et dans leur langage, où en est la filière microalgale, ici et maintenant. Cela signifie au moins trois messages dans l'état actuel des procédés de production et de raffinage des microalgues.

D'une part, nous savons développer et valoriser commercialement des produits à forte valeur ajoutée et volume limité, avec des principes actifs identifiés pour les marchés pharma, cosmétologie et outils de diagnostic médical.

Ensuite, la contribution de la filière micro-algale à la nutrition humaine et animale est en train de changer très significativement. Hier, elle s'est développée, essentiellement via les compléments alimentaires, produits à partir de la biomasse algale brute issue d'un nombre limité d'espèces, pour lesquels la réglementation n'autorisait encore que peu d'allégations fonctionnelles des offres. Aujourd'hui, une nouvelle génération de produits, extraits de la biomasse via des bioraffineries, se construit. Les microalgues rentrent dans la Nutrition Santé avec un spectre de fonctionnalités plus riche, validées par des organismes tiers garants. Le produit peut être à la fois un produit final ou un ingrédient qui complètent et déplacent des produits concurrents non micro-algaux.

Enfin, les marchés de l'énergie (biocarburants) ne sont pas encore à portée de main à court terme sur les marchés. Ils ne sont donc pas dans le périmètre promu par France Microalgues

Dans ce contexte, il s'agit de développer la demande française primaire en microalgues ; FMA fait travailler ensemble ses adhérents sur une promotion « pédagogique » de cette filière vers tous les publics.

Quel est aujourd'hui le poids de la filière française des microalgues. Quels sont les nouveaux usages ?

La filière française couvre toute la chaîne de valeur: R&D institutionnelle et privée étoffée, équipementiers ou ingénierie, algoculture productrice de biomasse, bio-raffinage de microalgues et formulation, réseaux de distribution (notamment bio).

C'est un exercice hasardeux que de consolider dans un même chiffre économique des secteurs d'activité où le prix au kg et le volume critiques sont distincts d'au moins trois ordres de grandeur (jusqu'à quelques milliers d'euros au kg).

En autotrophie, sur une production mondiale dont l'estimation n'est pas réellement stabilisée (15 000T à 30 000T?), la production française de biomasse se mesure aujourd'hui en dizaines de tonnes. Cela est en train de changer d'ordre de grandeur car des projets plus importants sont en plein développement. Les tailles des outils de production en hétérotrophie sont plutôt dans l'ordre de grandeur du millier de tonnes. Plusieurs opérateurs français sont sur cette route technologique aux marchés encore focalisés.

La croissance industrielle en cours permettra à court terme de produire sur place et stimuler la demande française, encore importatrice, et de se projeter plus à l'international sur des produits à forte valeur ajoutée.

Qu'attendez-vous du rôle des Pôles Mer dans cette association ? Selon vous, le territoire maritime Bretagne –Pays de La Loire a-t-il une véritable carte à jouer ?

A la création de France Microalgues fin 2015, les entreprises fondatrices ont souhaité que les quatre pôles (Pole Mer Bretagne Atlantique, Pôle Mer Méditerranée, Trimatec, IAR) en soient aussi des co-fondateurs et sont des piliers opérationnels précieux.

Les pôles ont un véritable impact sur les politiques industrielles et d'innovations nationales ou européennes avec des retours d'expérience d'autres filières qu'ils ont soutenu en France. Ils représentent aussi pour nous des « têtes de réseaux » incontournables sur le territoire.

En tant que Président de AlgoSource et Président de France MicroAlgues, je peux témoigner au territoire Bretagne–Pays de Loire, la valeur que nous trouvons à la participation active du Pôle Mer Bretagne Atlantique à FMA

Et oui je reste persuadé que le territoire maritime Bretagne-Pays de La Loire a une véritable carte à jouer :
Il est l'un des territoires leaders en Europe dans les domaines de la biologie et de l'ingénierie des procédés appliqués aux algues avec un tissu industriel et académique très dynamique

La mise en place de programmes collaboratifs interrégionaux Bretagne & Pays de la Loire ou inter-établissements (privés et publics) doit donc être encouragée.